apologue romanesque à Lille

la grand place de Lille
la grand place de Lille

Camille et son grand-père, Léon, venaient de sortir du métro à Lille-Europe. Ils descendaient les escalators. Un léger brouillard planait dans la fraîcheur hivernale de cette matinée de novembre. Léon avait revêtu sa chemise à carreaux et son béret brun. Il portait un regard bienveillant sur sa petite-fille : il l’aimait plus que tout au monde. Léon s’assit sur un banc. Camille resta debout, elle serra sa main. Ils commencèrent à donner du pain aux pigeons. Tout à coup, Camille se tourna vers son grand-père et s’assit sur ses genoux. Elle ouvrit ses grands yeux bleus brillants et commença à parler :

– Dis Papi, c’était comment avant ?
– Comment ça ? Qu’est-ce qui était comment ?
– Lille, la ville ?
– C’était plus petit…
– Oui, mais ça ressemblait à quoi ? Et les gens qui habitaient ici, ils étaient comment ?
– Tu es bien curieuse pour une petite fille de 8 ans… Suis-moi, je vais te montrer quelques petites merveilles conservées du passé !

Ils se levèrent, Camille glissa sa main frêle dans celle de son grand-père. Ils passèrent devant les tulipes géantes aux couleurs vives délavées, telles un symbole de la laideur et de la monstruosité des grandes villes de notre époque. Ils continuèrent leur route vers le centre commercial Euralille, puis remontèrent le viaduc Le Corbusier. Comme à leur habitude, les drapeaux claquaient dans le vent.

– Tu vois, le vent qui souffle, on l’appelle la bise… expliqua Léon à sa petite-fille
– Parce que le vent aussi fait des bisous ?

Léon ria dans sa barbe, sans répondre. Tout en continuant leur chemin, ils arrivèrent dans la rue du Faubourg de Roubaix. Il régnait, dans cette rue, un sentiment de malaise et d’angoisse permanent. Maisons délabrées, squattées, puis murées… Tout avait l’air à l’abandon, pourtant certaines de ces maisons étaient encore habitées. Sur l’une d’elle se trouvait une banderole. On pouvait y lire, écrit de grosses lettres noires :  » Quelle utilité publique ? Habitant dégage ! Ici on aménage ! « . Camille questionna son grand-père :

– Dis Papi, on leur a fait quoi à ces gens ?
– Eh bien, vois-tu, on veut construire des immeubles à la place des habitations où ces gens logent. Aussi, ils doivent partir !
– Et ils vont où ?
– Ça, ils doivent se débrouiller.

Ils revinrent sur leurs pas et arrivèrent sur le parvis de la gare Lille-Europe. Le bruit incessant des voitures perturbait le calme ambiant. On apercevait la tour de Lille, plus communément appelée la botte.

Léon repris de sa voix grave :
– Tu vois, les choses modernes ne sont jamais finies… Cette botte, c’était censé être un carré…
– Mais Papi, comment ils vont faire les gens pour vivre dans des endroits où on enlève ce qui est ancien pour le remplacer par des choses à moitié finies ?
– Ils vont bien devoir s’y habituer… Tu sais, il y a quand même certaines choses qui sont bien avec les villes d’aujourd’hui. Et puis, on ne détruit pas tout, non plus…
Ils avaient continué leur route et étaient désormais en train de s’engager dans la rue Faidherbe. À mesure qu’ils se rapprochaient de la Grand-Place, une odeur d’antan, une odeur de gaufres à la cassonade se faisait de plus en plus forte. Léon en acheta une à Camille. Ils continuèrent leur périple et atteignirent enfin la place du Général de Gaulle dite la grand Place. Ils s’assirent au pied de la colonne de la déesse et regardaient en direction de la vieille bourse, le beffroi de la CCI en arrière-plan.

– Regarde cette merveille architecturale ! s’exclama Léon
– C’est vrai que c’est joli. Mais un jour, peut-être que ça aussi ça sera détruit…

Une réponse sur “apologue romanesque à Lille”

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