Le Nord aux nombreuses richesses, protégé par aucune frontière naturelle, était exposé aux convoitises, plus que toute autre région. Ainsi, il fut occupé par les Anglais, les Espagnols, les Romains, les Germains, les Francs, les Normands, les Hongrois, les Autrichiens et les Allemands. Il eut ainsi le triste privilège de servir de protection à la France. Bien qu’anéanti après chaque invasion, il s’est toujours relevé de manière admirable. Aussi, ses frontières furent souvent en évolution.
L’histoire de ce pays et de sa frontière franco-belge a laissé ses incohérences. Par exemple Tournai, qui fut tout au long de l’histoire une cité très française, se trouve aujourd’hui en Belgique.
Cette région méridionale des Pays-Bas, pillée, passant de l’un à l’autre, a longtemps recherché sa propre identité.
Les dernières guerres, tout comme celles du Moyen-Âge, atteignent toutes les villes. Mais, du fait des deux guerres mondiales et surtout de la première, c’est dans cette région du globe que se trouve le plus grand rassemblement de cimetières militaires. Dans ces lieux reposent à jamais des centaines de milliers d’hommes. Plus de 200 000 Allemands, près de 250 000 Britanniques, 10 000 Portugais, des milliers d’Indiens… Sans parler des Français. La Bretagne possède les alignements de Carnac, dans le Nord, ce sont les cimetières militaires.
Ces guerres font encore, parfois, des morts. Des millions d’obus, de grenades, de cartouches abandonnées, ressurgissent de temps à autre à la surface de la terre, 70 ans après, afin de terminer leur œuvre.
En 191, le front se stabilisa et les tranchées furent creusées. Cela concernait directement le Nord et le Pas-de-Calais, en le divisant. Le Nord libre n’était pas à l’abri comme pouvait l’être le sud de la France. Le littoral était constamment bombardé et les armées y installaient leur campement. Cette région vivait constamment en état de siège. Le Nord envahi (les Allemands contrôlent 70% du Nord et 25% du Pas-de-Calais) est sous un régime militaire type, accompagné d’une germanisation de la vie. Ce régime variait suivant les mouvements du front. Cette occupation causa de nombreux dommages à l’industrie, non pas par les combats –hormis sur le front– mais à cause des perquisitions, des réquisitions de l’envahisseur. Cela nous vaut aujourd’hui de pouvoir effectuer la route du souvenir dans la région de Cambrai et d’Arras. C’est sur cette dernière route que se trouvent le sanctuaire de Notre Dame de Lorette (le plus grand cimetière militaire français), les ruines du mont Saint-Éloi, le mémorial canadien de Vimy, où les tranchées ont été aménagées pour la visite, près des cratères d’obus, etc.
En 1940, c’est à nouveau la guerre. Cette fois, pour la plupart des habitants, c’est l’exode. Des centaines de milliers de personnes prennent ainsi la route. Dès le 17 juin, la région entière est intégrée au commandement de Bruxelles et non à celui de Paris. Le 7 juillet, les occupants créent une zone interdite qui s’étend de la frontière belge à la Somme : la nord-est Unie. Cette nouvelle frontière ne pouvait être franchie sans autorisation particulière. Puis, ce sera l’implantation des bases de VI, V2 et V3, dont on peut voir des traces à Eperlecques (où se trouve le plus gros blockhaus du monde), Mimoyecques avec le fameux canon de Londres et le blockhaus d’Audinghen qui faisait partie de la batterie de Todd.
Mais peut-être vous souvenez-vous avoir étudié à l’école les batailles de Cassel, Bouvines. Azincourt, des Dunes, d’Hondschoote, de Fontenoy, Denain. Malplaquet, Wattignie… A moins que ce ne soit l’un des nombreux traités de paix : celui d’Arras, la paix des Dames, l’entrevue au camp du drap d’or, le traité du Hainaut-cambrésis… Tous des évènements régionaux.
On peut parler de liberté à toute cette population, elle sait de quoi il s’agit.