Les Ch’tis et P’tit Quinquin

Les Ch’tis et P’tit QuinquinLe Nord se situe au bord d’un des grands foyers de peuplement industriel et urbain du monde, ce qui lui donne un potentiel économique et humain considérable.

3 959 500 habitants, soit 7,3% de la population nationale, avec une densité de 315 habitants au km2, pour 1 550 communes. Cette densité est comparable à celle des régions industrielles voisines.

Cette région présente une certaine cohésion qui n’est pas stoppée par les frontières, bien qu’il y ait quelques nuances: des différences entre la côte et l’Avesnois, le Hainaut et l’Artois… Il en résulte une façon de vivre, un homme du Nord,

On ne peut dissocier la nature et les hommes. Les conditions naturelles ont été manipulées par lui depuis l’origine. L’urbanisation et l’industrialisation ont donné un plus à la diversité de la géographie. Le rapport homme-nature n’a rien effacé, il a simplement changé suivant le nombre d’habitants et les moyens dont il disposait.

La diversité des paysages est avant tout l’œuvre des hommes, qui ont fertilisé les marais, conquis des terrains sur la mer et créé de grandes cités. Cet homme est généralement considéré comme travailleur mais bon vivant, à l’abord froid mais toujours prêt à rendre service… Cette région est aussi celle de la « Wassingue » (serpillière) qui sont, avec le balais, les outils indispensables dans chaque maison. Ici, la femme astique, lessive, nettoie, lave même le trottoir, le caniveau et les murs extérieurs de la maison.

Pour ce qui est de l’amitié, les autocollants sur chaque voiture le crient : le pays de l’amitié.

Mais cet homme est un homme d’action, comme le prouvent les personnages illustres qui sortirent de son sein: les grands révolutionnaires, les pionniers de l’aviation, les militaires…

En voici quelques exemples: Jean Bart, Louise de Bettignies, Louis Blériot, le Général Faidherbe, le Général de Gaulle, Saint-Just, Nungesser, Robespierre, le Maréchal Pétain, le Général Vandame…

Ceux-ci ne doivent pas faire oublier que le Nord contribua pour une large part à l’évolution des arts et des lettres grâce à Germaine Acremant, Bernanos, Carpeaux, La Clairon, Philippe de Commines, Marceline Desbordes-Valmore, Fénélon, Froissart, Marcel Grommaire, Adam de la Halle, Josquin des Prés, Edouard Lalo, Lamartine, Matisse, l’Abbé Prévost, Albert Samain, Sainte-Beuve, Marguerite Yourcenard, Maxence Van der Mersch, Watteau… Au niveau des spectacles, Pierre Bonte, Anne Marie Carrière, Bruno Coquatrix, Jean-Claude Darnal, Alain Decaux, Michel Duchaussoy, Jacques Douai, Raymond Devos, Brigitte Fossey, Jean Lefèvre, Paul Meurisse, Gustave Nadeau, Pierre Nord, Jean Piat, Line Renaud, Vivianne Romance… Au niveau de la politique, Camille Desmoulin, Jules Quesdes, Charles Jonnard, Léo Lagrange, Augustin Laurent, Jean-Baptiste Lebas, Louis Loucheur, Pierre Mauroy, Guy Mollet, Alexandre Tibot, Paul Renaud, Roger Salengro, Norbert Segar, Robert Schumann, Maurice Thorez, Charles Daniel Vincent, Henri Wallon…

Au niveau des sports, Michel Bernard, Alain Bondu, Georges Carpentier, Guy Drut, Didier Flamand, Maurice Garin, Marcel Hansenne, Michel Jazy, Raymond Kopa, Jean Stablinski…

Tous sont, soit nés dans la région, soit y ont passé une grande partie de leur vie, ce qui fut prépondérant dans leur carrière.

Mais tous ces personnages connaissent-ils un des langages locaux? Alors que les enfants d’immigrés les comprennent (deux vagues successives d’immigration eurent lieu, en grande majorité dans les communes minières: les Polonais, puis les Magrébins).

C’est vrai qu’une frontière traverse cette région: frontière linguistique qui sépare les dialectes germaniques des dialectes romans. Le Nord appartient donc à ces deux domaines linguistiques.

D’un côté, dans la région de Dunkerque et d’Hazebrouck, on parle flamand et, plus précisément le westvlaams, l’un des quatres langages flamands (les autres étant l’ostvlaams, le brabançon et le limbourgeois). La langue flamande officielle, codifiée artificiellement au XIXe siècle est aussi appelée néerlandais.

Partout ailleurs, on parle le picard. Cette langue qui fut celle de nombreux fabliaux, chansons de gestes, chroniques… et qui céda la suprématie au français à la fin du Moyen-Âge. Le picard s’est, lui-même, divisé en plusieurs patois, avec des manières de prononcer les lettres variant suivant les régions. On peut ainsi entendre parler wallon, rouchis…

L’utilisation des patois a commencé à décliner depuis le XVIIe siècle. Au XVIIIe, dans les villes, la bourgeoisie adopta le français. Seul le peuple continuera de parler en patois. Mais ces langages s’amenuisèrent jusqu’au XIXe siècle. Ce fut l’époque de la renaissance, due aux chansons patoisantes, gaie et narquoises. Desrousseaux, l’auteur de la « canchon dormoire : le P’tit quinquin », créée en 1853, véritable chant patriotique de cette région, fut une rampe de lancement. A sa suite, bien des auteurs utilisèrent le patois: Auguste Labbé dit Latulipe (auteur de la « carette â quiens » et qui recueillit sous le titre « l’infant de Lille » des textes qui sont un témoignage sur la ville), Edmond Edmont qui écrivit « à l’bué », Léon Lemaire (« Les chants d’un Chicourt », « les racontaches d’ein boieu rouche »), Jules Watteeauw alias le Broutteux qui le premier fixa le patois de Tourcoing, Jules Mousseron (auteur des aventures de Cafougnette).

Le XXe siècle connut aussi ses personalités patoisantes : Simon (le Cat din l’horloge) et Raoul de Godewarsvelde accompagné par les Capenouilles notamment. Actuellement, on assiste à un renouveau des dialectes, bien qu’ils aient toujours été indissociables de l’histoire culturelle du Nord. Cela va de pair avec la renaissance du folklore par différents groupes qui reconstituent eux-mêmes leurs instruments: rammelot, doedelzah, bhazeveen…

Leave a comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.