L’agriculture au pays des gueules noires et de l’enfer du nord

Le bassin houiller du Nord s’étend de Béthune à Valenciennes, en passant par Lens et Douai. C’est, en fait, l’extrémité occidentale de la dépression carbonifère qui se prolonge en Belgique et en Allemagne. C’est lui, le fameux « pays noir », avec ses corons, ses terrils, ses chevalements.

Ce gisement d’une largeur moyenne de 10 km (qui dit que l’on voit ce paysage partout dans le Nord ?) est composé de couches irrégulières, coupé de failles aux nombreuses veines d’une épaisseur moyenne d’un mètre que l’on trouve entre 200 et 1 000 mètres de profondeur.

C’est le 24 juin 1734, à Anzin où se trouve un musée de la mine que furent entrepris les premiers travaux, par le vicomte Desandrowins, dans le but d’extraire le charbon. Mais ce n’est que 23 ans plus tard que fut créée la compagnie d’Anzin, société par action organisée par le prince de Croy. Depuis cette date, des hommes luttent contre la silicose, la maladie du mineur due à une absorption importante de silice pure. Ce sont toujours ces mêmes personnages qui doivent lutter contre le grisou. C’est lui le responsable de terribles accidents comme celui de la Clarence en 1912, de Liévin en 1975 et le plus funeste de tous à Courrières, le 10 mars 1906, où 110 km de galeries furent soufflées par une gigantesque explosion. Le résultat fit 1 101 morts.

Maintenant, ces mines, on peut les visiter ou presque: mines images à Lens et à Montigny en Ostrevent, le centre minier de Lewardes…

Le charbon était l’un des trois secteurs pilotes de la région qui sont plus que menacés actuellement. Les deux autres sont le textile et la sidérurgie.

La région où le textile domine est comprise entre Armentières et la frontière belge (l’agglomération lilloise et la plaine de la Lys), elle assure 30 % de la production nationale. Roubaix et Tourcoing représentent 90% du peignage, 65% de la filature et 45% du tissage de la laine en France. 90% du coton filé en France est d’origine lilloise. Enfin, le lin est la spécialité de la plaine de la Lys et de la Flandre. Pour ce qui est du tulle et de la dentelle, c’est plutôt vers le Cambrésis qu’il faut se diriger, avec des villes comme Caudry, Villers Outréau… D’autres régions ont connu l’euphorie grâce à cette activité comme on peut s’en apercevoir en visitant l’écomusée de la région de Fourmies-Trélon.

La sidérurgie et la métallurgie ont elles aussi leurs régions privilégiées. Certaines entreprises se sont installées le long de la côte (Dunkerque), dans la région minière de Douai, à Valenciennes ainsi que dès le XIXe siècle le long de canaux: la Sambre, l’Escaut…

Ces canaux, le Nord les a connus très tôt, car les cours d’eaux d’ici n’ont que très rarement des crues importantes et ne sont jamais à sec. De plus, ils sont facilement reliables entre eux, et de pente douce. Ainsi, le réseau fluvial atteint 680 km de canaux (7% du total qui assure 16% du trafic national).

Le réseau ferroviaire est, lui aussi, très intense, surtout dans le département du Nord où, dès le XIXe siècle, la compagnie du Nord (qui appartient à la famille de Rotchild) avait tissé une véritable toile d’araignée autour de Lille et du bassin houiller. D’ailleurs, n’est-ce pas cette région qui, la première, bénéficia en 1846 de la première voie ferrée à longue distance entre Paris, Lille et la frontière belge (c’est de cette époque que nous vient l’expression »outre Quiévrain » pour parfois désigner la Belgique, cette ville étant le poste frontière de cette ligne).

Le train a toujours joué un rôle important dans cette région et encore maintenant. En 1978, la gare de Lille était la première gare régionale en nombre de voyageurs. Cette année (1983) est aussi le début de l’application d’un schéma régional de transport. L’exemple le plus tangible de cette réalisation est les T.C.R. comme disent les gens et non pas le train. Ce T.C.R. (Transport Collectif Régional) n’est qu’un réseau omnibus de voitures « modernes », peintes en ocre jaune.

Autre sigle que l’on peut rencontrer dans les discussions au sujet des transports: le V.A.C. C’est le dernier né des moyens de transport en commun de la métropole Lilloise : le métro. Après 13 ans d’études, le projet de rapprocher les étudiants de Villeneuve d’Ascq du centre de Lille se conctétise. Ce sigle qui signifiait: Villeneuve d’Ascq, Lille est devenu : Véhicule Automatique Léger. L’originalité de ce métro est très certainement la centralisation de toutes les commandes dans un seul endroit. Et, pourtant, les portes palières ne s’ouvrent que lorsque la rame est en station. C’est l’un des seuls métros du monde accessible aux personnes â mobilité réduite, malgré quelques problèmes.

Ce qui est bizarre à Lille, à la station gare, c’est ce métro qui côtoie le mongie qui lui n’est rien d’autre que le tramway (« la star des grands boulevards »). Cohabitation de l’ancien et du moderne.

Longtemps, le Nord a eu une mauvaise réputation due aux routes argileuses qui furent pavées très tôt. C’est de là qu’est né l’enfer du Nord, bien connu des amateurs de cyclisme qui suivent Paris-Roubaix. Mais demandez aux organisateurs de cette course avec quelle facilité ils trouvent ce type de routes. Je peux aisément répondre à leur place, car il n’y a pratiquement plus de routes pavées. Mais les Champs Elysées à Paris, ne sont-ils pas pavés?

Par contre de temps à autre, vous pouvez vous balader sur un chemin d’argile qui vous conduira au milieu des champs ou prés… Oui, des champs de betteraves, céréales, lin, chicorée, houblon, tabac… Ces champs, vous en verrez partout dans le Nord, mis à part dans le bassin minier. Il ne faut pas oublier que 80 % des terrains sont des terres agricoles.

Ainsi, la totalité de la production de chicorée française se fait ici. 61 % des endives (on les appelle « chicons » dans la région)… Tout cet ensemble fait de cette région l’une des plus importantes de France au niveau agricole.Mais n’allez pas croire que l’on ne voit que de l’openfield, ce serait une erreur grossière. C’est vrai que l’on peut voir ce type de paysage dans les collines de l’Artois, dans le Cambrèsis, mais que dire du marais Audomarois, qui est le jardin potager de la région grâce à sa production de chou fleurs, d’endives, de pissenlits, de poireaux, de la carotte de Tilque, de cresson… On ne peut pas dire que l’Avesnois ou le Boulonnais correspondent à ce que l’on a vu jusque maintenant. Je crois plutôt que ce seraient deux régions au bocage caractéristique. Il est d’ailleurs dommage que certains agriculteurs ignorent le rôle primordial des haies qui entourent les « pâtures ».

Ces régions bocagères sont tout à fait favorables aux vergers traditionnels, plantés d’arbres de plein vent situés à proximité des fermes. On y trouve principalement des pommiers, mais aussi des cerisiers, des poiriers…

Depuis 1960, les vergers modernes tentent de remplacer ces vergers. Ils sont installés principalement dans les Flandres, autour des grands centres urbains et dans l’Avesnois.

Vous pouvez m’objecter, “Mais comment font ces gens pour avoir une telle agriculture avec toute l’eau qu’ils ont ? ».

C’est vrai qu’il y a beaucoup d’eau ici, mais elle ne tombe pas si souvent du ciel que l’on veut bien le dire (ce que nous dit la météo aux informations). Cette eau, on la trouve dans le sol ou en surface (canaux, mer…).

La région en profite pour posséder le premier port de voyageurs de l’Europe, le premier port de pêche de France et un grand port industriel. Mais, déjà au Moyen-Âge, les moines et les paysans ont fait reculer les eaux, aussi bien dans les marais que sur la mer (par exemple dans le triangle formé par Calais, Saint-Omer et Bergues : le polder des Moëres). Parfois ce sont des dunes qui retiennent toutes ces masses d’eau comme à chaque extrémité de la côte d’opale.

Mais, à votre avis, parle t-on travail, économie… sur l’une des nombreuses plages de cette côte ?

4 thoughts on “L’agriculture au pays des gueules noires et de l’enfer du nord

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