Jeudi 11 octobre : Maroilles — Etrœungt (la route du Maroilles)

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Le danger, lors d’un tel voyage, d’être dans un endroit où beaucoup de monde vous connaît est que les départs sont tardifs : une discussion par-ci, une discussion par là…

Enfin, je suis arrivé à Maroilles. L’histoire de cette bourgade se confond avec celle de son abbaye bénédictine. Les vestiges de cet édifice sont rares. Seule la mairie, le quartier des Hôtes, les granges, le petit et le grand comptoir, le portier, la ménagerie, le moulin (transformé en restaurant et qui servit longtemps à broyer l’écorce de chêne pour les tanneries) et surtout l’église.

Lorsque j’ai pénétré dans cette église, une réflexion me traversa l’esprit : «Jésus n’a-t-il pas chassé les marchands du temple ?». Effectivement, l’on se demande si l’on se trouve dans un supermarché ou une église.

Enfin, cela ne doit pas rebuter pour la visiter, et notamment d’admirer le chœur, les autels, les tableaux, les statues, le chemin de croix, le mobilier de la sacristie, une maquette de l’ancienne abbaye… et les orgues aux 2 000 tuyaux (orgues uniques en France).

Autre curiosité, l’inscription sur ce monument : «ce lieu terrible est la maison du très haut».

Autres originalités dans ce village, un arc de triomphe érigé à la gloire des armées napoléoniennes en 1807.

Mais Maroilles est connu de tous par son fromage.

Voici comment il est obtenu. On caille du lait (un litre pour obtenir cent grammes de fromage). Puis on passe la tranche caillé afin de faire remonter le sérum en surface en découpant le caillé. Ce caillé est réparti dans des moules (les équinons). Une fois démoulés, ils sont salés à la main puis plongés dans la saumure. Enfin, ils sont placés dans les hâloirs, où ils seront lavés et brossés une fois par semaine. Cet affinage s’effectue dans les caves de la Thiérache ce qui permet aux fromages de posséder une appellation d’origine contrôlée. Il ne reste qu’à le goûter.

On peut trouver un quart (180 g), un mignon (350 g), un sorbais (550 g), et le Maroilles (700 g).

On peut aussi déguster d’autres fromages proches ou issus du Maroilles tel le Dauphin (de formes diverses : poisson, cœur… aromatisé d’estragon, de persil, de poivre et de girofle). Il fut fabriqué en l’honneur de l’héritier du trône de Louis XIV.

Une pierre commémore les milles ans d’existence de ce fromage (ce doit être l’un des seuls fromages à posséder une plaque commémorative de ce type).

Par contre, comme pour beaucoup d’autres produits alimentaires, une confrérie a été créée mais malheureusement, elle n’est pas au village.

Il existe différents plats dérivés de ce produit : la flamiche (tarte aux maroilles), la rôtie ou la toriote (tranche de pain sur laquelle on place du fromage avant de la passer au four) ou encore les gaufres au maroilles.

Une rôtie peut aussi être réalisée grâce à du fromage blanc mis à graisser (fromage blanc sec que l’on place sous un poids, puis qu’on malaxe en compagnie de sel et de poivre avant de le placer dans un saladier, au chaud).

Avant de prendre connaissance de ces odeurs, de ces monuments, une recommandation, faites attention aux pucelles de Maroilles (filles de petites vertus). Il est dommage que l’on ne connaisse pas l’origine de ces propos.

En quittant ce bourg, pour rejoindre Grand-Fayt, vous serez surpris de rencontrer autant de petites chapelles disséminées un peu partout à travers le paysage. Elles ont été édifiées soit pour perpétuer un miracle, soit pour accomplir un vœu, soit pour attirer la bénédiction des cieux…

Elles sont aussi multiformes que variées dans la dédicace aux saints : Saint Roch, Saint Éton, Saint Druon, Saint Dodo… mais c’est surtout Notre-Dame qui est invoquée sous différents vocables.

Ces petites chapelles de l’Avesnois, leur situation géographique est comprise entre la Belgique, la Sambre et le département de l’Aisne.

Quelques-unes de ces chapelles remontent au XVIIème, et elles sont, pour la plupart, construites en pierre bleue (la pierre locale).

Cette pierre bleue, on la retrouve dans l’habitat alors que presque partout ailleurs ce ne sera que des constructions en briques. Pour couvrir les maisons, l’Avesnois se différencie, lui aussi du reste de la région, l’ardoise est ici utilisée au lieu et place de la tuile.

J’avais rencontré de nombreuses chapelles lors de mon passage dans les Flandres, mais elles étaient moins originales que celles-ci.

Mon arrivée à Grand-Fayt se fit sous un soleil admirable. Mais n’allez pas croire que le temps était idéal aujourd’hui, car il fut brumeux ce matin et ce soir.

Un détour s’impose dans ce village : celui qui nous amène devant le moulin, moulin à eau comme tous ceux de la région.

L’église, elle, possède un narthex qui s’étend en façade, et qui est plus large que la nef. À l’intérieur, on peut voir de belles boiseries, et dalles funéraires ainsi que quelques tableaux.

À Prische, la ferme de Limière appartient au bureau d’aide sociale à la suite d’une légende. Le seigneur de Chimay (Belgique) poursuivait un cerf. L’animal vint se réfugier sous le manteau de Saint Humbert. Le seigneur fit donation de ces biens à la nouvelle abbaye de Maroilles (qui fut établie par Saint Humbert).

Mais revenons au présent. L’église, à l’intérieur remarquable, est entourée par un square dans lequel une pierre commémore la charte de Prische de 1158 (la plus ancienne dans la région). Autre pierre, mais d’un style différent, un menhir.

Après être passé par Beaurepaire et Floyon (église), je suis arrivé à Etrœungt où je me suis rendu directement au lavoir couvert.

Quelle ne fut pas ma surprise d’y rencontrer une personne venue rincer son linge. On peut retrouver cette personne devant l’église (que l’on atteint par les degrés ou grimpettes) et aussi se retrouver chez elle, à boire le café accompagné d’un petit alcool : la bistouille.

On boit l’alcool directement dans la tasse encore chaude, ou on le mélange au café. Le café est toujours réalisé avec de la chicorée. Une autre boisson qui ressemble à la bistouille, le chocolat kirsch. Normalement, pour faire une bonne bistouille, on utilise du genièvre ou un alcool de pomme local.

Mais Etrœungt est aussi l’endroit idéal pour obtenir tous les renseignements sur la région, car c’est là que se situe la maison de Thiérache. C’est aussi un centre artisanal où sont regroupés un sculpteur sur pierre (il travaille bien sûr la pierre bleue) et un forgeron qui se lance dans la création d’enseignes comme au Moyen-Âge. Ces deux personnages très attachants travaillent pour l’amour du métier. Malheureusement, on ne sait pas combien de temps que cela durera devant le peu de commandes (pourtant, les prix ne sont pas exorbitants) et le manque de stagiaires.

Dernier charme de ce centre, il possède de très jolies caves. Avant de partir en France comme disaient les habitants d’Etrœungt, il faut savoir que c’est dans ce petit village que se trouve l’une des équipes de football féminin les plus prestigieuses de France. Elle fut à plusieurs reprises championnes de France, et encore maintenant, c’est l’une des équipes phares.

Pour résumer cette journée, j’ai, en fait, suivi la route du Maroilles.

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