On peut caractériser le Nord de la France par son armature urbaine importante, qui remonte au Moyen-Âge. Mais cette structure explosa principalement dans le bassin minier et dans les banlieues des grands centres, lors de la révolution industrielle.
La base principale des différents matériaux est l’argile: briques pour les murs, tuiles (la pane flamande) pour les toits… Mais on peut trouver aussi de la pierre dans certaines sous-régions : Boulonnais, Artois.. et dans l’Avesnois, il y aura en plus une couverture en ardoise.
La répartition des pièces dans les maisons (des villes) est généralement la suivante : les plus belles pièces sont dirigées vers la rue, en opposition aux pièces domestiques qui donnent sur le jardin. La séparation nuit-jour existe depuis longtemps,
La toiture, à deux versants, est parfois percée de deux lucarnes. Ceci nous conduit aux ouvertures qui sont plus hautes que larges, à la forme légèrement arrondie au sommet. Leur répartition est équilibrée dans la symétrie, fenêtres du premier étage au-dessus de celles du rez-de-chaussée ou à l’aplomb de la porte. C’est cet équilibre qui réclame les fausses fenêtres. La cheminée, quant à elle, est souvent terminée par des éléments de poterie. La façade des maisons dirigées sur la rue est le principal élément qui permet à l’occupant de se différencier, d’individualiser son logement. Le bâti urbain construit de 1850 à 1918 est très homogène par exemple, ce qui fait dire que l’habitat est monotone à observer. Mais la fantaisie dans la décoration, la diversité des styles, le goût de la polychromie s’oppose à cette idée, en offrant un paysage urbain varié.
Ainsi, la brique « noircie par la fumée » est une brique de sable (blanche ou ocre) ou d’argile (rouge). Elle permit aux bâtisseurs d’orner les murs de signes, parfois runiques. Ailleurs, ce sera la polychromie qui attirera l’oeil, grâce aux briques et aux boiseries peintes, aux carreaux de céramique… à moins que ce ne soit un mur à pas de moineau.
Avec le monde du travail, est apparu un nouveau type d’habitat urbain. Ce fut d’abord la courée, qui fut une réponse immédiate au problème de logement des travailleurs par les travailleurs. Elle se caractérise par des maisons ajoutées à l’intérieur d’un îlot, derrière la rangée de maisons en bord de rue, le long d’une ruelle ou d’une impasse.
L’habitat minier fut planifié par les employeurs. Ainsi furent créés les corons qui ne sont rien d’autres que des rangées sous forme de bandes de maisons. Les cités sont des maisons regroupées par trois ou par quatre. Mais ces différentes formes de logement ne sont pas uniformément réparties sur tout le bassin minier. On le rencontre davantage dans la partie située dans le Pas-de-Calais que dans le département du Nord.
L’habitat rural utilise les mêmes matériaux que ceux utilisés dans les constructions urbaines. Par contre, les « sinces » (nom que portent les fermes dans la région), changent, dans leur structure, d’un coin à l’autre de la région. Maison basse longitudinale, couverte d’un toit pentu dans l’Artois ; ferme à cour fermée, aux murs noirs et blancs (goudron et lait de chaux) ; since à cour fermée dans l’Avesnois.
Autre diversité, l’habitat. dispersé (notamment dans les plaines des Flandres), ailleurs, il sera regroupé au sein de nombreux villages.
Il en sera de même au niveau de la décoration de ces sinces. Ici, on trouvera une construction en rouge barre (alternance de lit de pierres et de briques), là des fers d’ancrages qui donnent parfois la date de construction. On retrouve également le goût de la polychromie qui implique l’usage des enduits…
C’est au milieu de cette campagne que l’on peut voir se dresser les moulins des Pays-Bas français, également appelés usines. II y a peu de régions françaises où les moulins ont tenu une place aussi importante dans la vie, le langage, le souvenir…
En 1835, le Nord possédait 1 728 moulins, le Pas-de-Calais, 1 578 (moulins à eau et à vent confondus). Les moulins à vent sont, eux aussi, l’un des symboles de la région. Principalement, celui des personnes qui ont toujours cherché à dompter les éléments naturels (certains de ces moulins ont été utilisés pour l’assèchement des polders).
Ces moulins, siège de l’économie de subsistance, on peut encore en voir : le Noordmeulen qui serait le plus vieux moulin à vent d’Europe, le seul moulin à galerie de France, et de nombreux autres à calotte tournante (Steenvoorde) ou montés sur pivot. La plupart de ces moulins à vent sont regroupés principalement dans les Flandres. Par contre, pour voir des moulins à eau, on les trouve plus facilement dans l’Avesnois ou le Cambrésis mais seuls ceux de Sars-Poteries, de Bellignies (musée du marbre), de Felleries (musée du bois joli), de Denneboeucq (au milieu d’un parc de loisirs) peuvent être visités.
En plus de moudre le blé ou d’être utilisés à l’assèchement, tous ces moulins pouvaient broyer l’écorse de chêne, tirer l’huile (dans ce cas, il portaient le nom de détordoir), scier le bois, le marbre.
Si aujourd’hui encore, nous pouvons observer ces moulins, c’est principalement grâce à une organisation : l’A.R.A.N. qui a son siège dans l’un des moulins à vent de la région, celui de Villeneuve d’Ascq, ainsi qu’aux nombreux meuniers, fils de meuniers, etc. qui veulent préserver ce patrimoine.
Le mobilier qui se trouve dans toutes ces habitations, ou plutôt qui s’y trouvait, n’a pas de typologie bien définie. Seuls les usages ont imposé quelques types de meubles qui ne sont que des adaptations régionales de types déjà existants, En règle générale, le style local est inspiré du style normand, mis à part dans l’Avesnois, où ce fut le style lorrain qui eut prédominance. Les différentes essences de bois utilisées sont variables. Ainsi, les pièces sculptées sont en poirier ou en pommier. Le chêne sera utilisé pour des meubles de qualité : l’orme et le tilleul, pour les meubles usuels ou de petites dimensions : le hêtre, pour les sièges et les pièces tournées. Une exception toutefois : dans l’Avesnois, on utilisera plus facilement le chêne.
Le mobilier se développa en largeur et non en hauteur comme dans d’autres régions. Le meuble le plus important de tous est certainement la dresche, qui est un buffet bas aux multiples usages: vaisselle, garde-manger, garde-robe… Ce meuble est, en général, à deux portes, avec, parfois, des tiroirs en haut. Deux éléments de dresche, séparés par une niche ouverte, aux galeries possédant des rebords ajourés forment le seyage. La barre à pot ou archelle complète la dresche, s’il n’y a pas de dressoir (meuble étagère à corniche). L’horloge, l’égouttoir, deux tables, dont l’une est ronde, à un ou deux plateaux (la table à pain sert de desserte et de table à ouvrage), deux fauteuils paillés au piétement tourné, complètent l’équipement, avec les chaises. Chaises et fauteuils sont de style bonne femme. On trouve encore des rempailleurs de chaises dans la région et notamment à Iwuy, près de Cambrai.
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