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Aujourd’hui, après mon départ bien tardif, qui cette fois était dû au brouillard, j’ai repris ma route depuis Avesnes ou plutôt de Sars-Poterie.
Tout d’abord, dans ce village, on peut chercher à connaître les origines de la pierre de dessus-bise, qui est un dolmen, mais la réputation de Sars-Poterie est liée à l’artisanat.
Ainsi, quelques potiers artisanaux peuvent montrer ou expliquer le travail de la terre, du gré, la cuisson… à la condition, toutefois, qu’ils soient ouverts ce qui n’était pas le cas aujourd’hui mis à part pour les entreprises semi-industrielles sur place. On peut d’ailleurs se poser la question de savoir s’il restera un véritable artisan potier d’ici quelques années.
La deuxième activité qui a fait la réputation de cette commune, la verrerie. Un musée rassemble les bousillés (objets fabriqués par les ouvriers pendant leur temps de repos). Un atelier de verre a lui aussi été créé.
Malheureusement, ces deux attractions sont closes apparemment le dimanche. Dommage, surtout lorsque l’on sait que dans l’atelier, ils avaient réussi à redécouvrir le bleu de Sars-Poterie.
Dans ce cas, il ne reste plus qu’à se rendre au moulin à eau pour le visiter. C’est l’un des seuls qui est encore en l’état, sans modifications, le tout sur quatre étages. Ainsi, on peut voir le mécanisme, un diaporama sur les moulins à eau de la région… On y rencontre aussi une dame charmante qui connaît très bien la région. Mais, Mlle Delmotte, pour ne pas la citer, ne pourra pas vous aider à résoudre l’énigme qui concerne Napoléon qui se rendait à Waterloo en passant par Sars-Poterie. Le général Ney écrivit ici un document (il se trouve aux archives municipales) qui se termine ainsi : «la bataille fut perdue par trahison». Cela bien entendu, ne pouvait être qu’écrit au retour et non à l’aller ?
Non loin de Sars-Poterie, un autre moulin à eau attend les visiteurs avec ces deux roues à augets. C’est celui du Bois joli à Felleries, qui est transformé en musée de la boissellerie.
Dans ce village, on trouve aussi de l’artisanat : tourneurs sur bois et créateurs de jouets en bois.
J’arrête là mes visites pour aujourd’hui. Par contre, je profiterai du reste de ma journée afin de parler en compagnie de la «famille hôtesse». Que je vous la présente : le grand-père (quatre-vingt-sept ans) habite à Aulnoye-Aymeries depuis 1920, alors que la ville ne comptait que neuf cents habitants (maintenant, ils sont plus de dix mille). Le père qui a toujours vécu dans cette ville, et la mère qui est originaire de l’Aisne (ce n’est déjà plus les mêmes mentalités…). De tout ce que j’ai appris de cette famille, on pourrait en faire un livre.
Cela va de l’évolution de l’habitat, en passant par les modes de vie, la vie économique, les jeux traditionnels, la gastronomie… C’est sur ces deux derniers sujets que je m’arrêterai. Qui connaît encore la bière ferrée ? Il s’agit d’une bière dans laquelle on trempe un tisonnier rougi dans un feu, et que l’on boit chaude.
Pour la gastronomie familiale, on peut parler des tartes. J’ai bien écrit des tartes, car ici, on ne fait que rarement une seule tarte. La pâte levée, presque briochée sert à la réalisation de ces tartes, dont les plus connues sont la tarte au sucre ; aux fruits de saison : groseilles, pommes, rhubarbe… qui sont parfois arrosées de crème fraîche ; au flan… Autre spécialité pâtissière, les gaufrettes de Nouvel An. Quant aux gaufres et aux crêpes («les gaufres et les ratons») elles peuvent constituer à elles seules un repas du soir accompagné de confitures, de cassonade brune (on la trouve difficilement ailleurs que dans le Nord).
Une partie importante des pâtisseries et même des plats en général repose sur les fruits locaux que l’on trouve dans les vergers traditionnels. Par exemple, la pomme, dont on utilise soit des ramassins (fruits tombés au sol) soit des fruits cueillis, est utilisée afin de réaliser des rabotes (pomme entourée de pâte), des frigotes (quartiers de pommes passés au four afin de les conserver)… la pomme en compote pourra accompagner un morceau de boudin noir sucré (boudin dans lequel on trouve des raisinés). De la pomme, on obtient également du cidre, qui est parfois artisanal, du jus de fruit ou encore un alcool de fruit.
Le dimanche serait le jour rêvé pour assister au jeu de crosse (ancêtre du golf) soit en plaine, soit au but. Le matériel de base de ce jeu est tout d’abord la crosse. C’est un genre de canne de golf au fer comportant un plat (pour tirer au loin) et un pic (pour les positions difficiles). L’autre élément indispensable à ce jeu est la choulette (qui s’appelle aussi soulette ou soule). Elle est en bois de charme, de forme ovoïdes, et pèse vingt-cinq grammes. La crosse au but consiste à toucher un piquet placé à dix mètres. La crosse en plaine se pratique dans les pâturages lorsque les bêtes (les vaches) sont «rentrées». L’équipe, composée de deux joueurs, doit atteindre en un nombre de coups qu’elle décide d’avance, l’un des buts. Tous les trois coups, l’équipe adverse tente d’éloigner la choulette, de manière à ce que la première équipe ne remplisse pas son contrat.